Les Exilés du Monde
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 01 - Ténolas, la Prestigieuse

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Andrew Kant
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Andrew Kant


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MessageSujet: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeDim 8 Déc - 2:30

Six longs mois s'étaient écoulés après la fin de la guerre et la disparition de la Faille. Les épaules voûtées sur son trône, Andrew Kant s'était muré dans le silence. Son visage était fatigué, marqué comme jamais par le temps, ou plutôt par la magie intense qui l'habitait. Tous les survivants ici le savaient. Depuis la disparition de Logan, de Koah, le sacrifice ultime de Sedna, leur Chef régnait sur un monde en paix où restait à reconstruire. Le pouvoir associé à celui des anciens Dieux marquait durablement l'homme qu'il était. On se demandait s'il allait survivre encore longtemps. Il n'était âgé que de 35 années mais désormais, il en paraissait presque cinquante. Ses cheveux d'un blond plus clair que jamais étaient parsemés de cheveux blancs. Ses joues étaient recouvertes d'une barbe fournie mais taillée. Sa peau commençait à être ridée de façon très visible. La seule chose qui n'avait pas changé, c'était l'éclat de son regard. Deux splendides perles bleus brillaient de vivacité et d'intelligence. On disait son esprit assagi, mais toujours tumultueux. L’Élu de Cheera n'avait strictement rien perdu de son caractère de chien. Il tempêtait, il vociférait à travers ce Palais de sa voix grave et puissante. Mais il n'était pas despote. Il ne portait aucune Couronne, aucun bijou. Il s'habillait simplement d'une armure forgée en chitine, le plus souvent entourée d'une cape en fibre de gothynce, un végétal réputé pour sa solidité et ses vertus réchauffantes, que la communauté d'Oderne avait accepté de partager. Des bottes et des gants de cuir, finement ouvragés venaient compléter cette panoplie banale mais que tous ici appréciaient.

Le Roi Andrew, bien qu'il détestât ce titre au plus haut point, restait un homme simple, fidèle à lui-même et à ses principes. Les survivants de Lydée disaient parfois qu'il paraissait trop sérieux, trop soucieux, mais ils le reconnaissaient. Il n'avait pas pris la grosse tête. Il s'entourait des meilleurs et discutait avec eux des choses à entreprendre. Et elles étaient nombreuses. Tout était à rebâtir, à repenser. Les milliers de morts engendrées par la guerre déclenchèrent une prise de conscience collective. La division les avait tous affaiblis. Ils devaient se serrer les coudes pour avancer. Sur le papier, quand ils avaient scellés leur alliance, c'était simple... sauf qu'en réalité, les jalousies et les jeux de pouvoir commençaient en coulisses. Certains essayaient de gravir des échelons et d'obtenir des grâces auprès de l'Elu, afin d'être avantagé. Mais Andrew trancher avec justice et équité tous les conflits qu'on lui soumettait. Il se disait qu'à force, ça finirait par lasser les autres. Il porta une main à son front pour le masser lentement. Danaé qui se trouvait près de lui, lui lança un regard empli de compassion. L'ancienne déesse qui avait sacrifié son immortalité pour les Exilés, portait l'enfant de Crya et Andrew dans son ventre. Elle était presque arrivée à terme. La magie des deux parents rendait la croissance du bébé plus rapide que la normale.

- Encore tes maux de tête ?


Andrew hocha doucement la tête. Hélas, les pouvoirs divins qu'on lui avait donné menaçaient à terme jusqu'à son existence. Danaé le savait et Kirion aussi. Jusqu'à présent ils n'avaient trouvé aucun moyen de lutter contre ce vieillissement précipité. Elle lui apporta un godet rempli d'eau fraîche qu'il refusa d'un geste de la main.

- Tu devrais te désaltérer... Je peux demander une infusion pour apaiser la douleur...

Elle n'eut aucune réponse immédiate. Andrew ferma les yeux en continuant son massage. Il finit enfin par prendre la parole, la voie monotone. La disparition de la Vague et celle de son fils l'affectaient au plus profond de son âme. Il s'en remettait doucement. Cela dit, la monotonie était générale. Les sourires n'étaient plus si nombreux. On sentait que la mélancolie, la nostalgie emplissait les coeurs. Kirion disait que le départ de la Vague en était responsable. En tout cas, les exilés, connus pourtant pour aimer festoyer autour de grands banquets, trouvaient toutes les peines du monde à passer à table, à blague, à se bagarrer dans l'amusement. Le coeur n'y était pas. Pourtant, ça ne les empêchait pas d'avancer, trop lentement pour Andrew. C'était aussi pour cela qu'il avait fait venir les autres aujourd'hui, pour les entretenir de cette situation et surtout pour que tout évolue rapidement. Il savait que le temps lui était compté. Kirion avait été clair... Au maximum, dans six années, voire peut-être cinq, son âme s'éteindrait, consumée par ses pouvoirs.

- Mon esprit doit être clair pour les heures qui viennent. Fais-les entrer, qu'ils prennent place.

Laconique, il fit un geste de la main pour qu'elle s'exécute. Danaé se dirigea vers les gardes, qui protégeaient fièrement la porte de la salle et sur son ordre, ils l'ouvrirent. Du grand couloir voisin entrèrent les "invités" d'Andrew. Il y en avait beaucoup... mais tous avaient leur place. Chaque allié était accompagné de quelques uns de ses subalternes. Le regard azur de Kant se posa sur Gurkan, sur Jewel... sur Avian... Letor... Il eut un pincement au coeur en remarquant l'absence de Koah. Un mélange de colère et aussi de bienveillance. De la petite foule compacte trois personnes en sortirent distinctement. Drapée d'une magnifique tunique brodée, Molly adressa à son frère un grand sourire. L'usage voulait qu'elle reste en retrait mais elle emmerdait profondément les conventions et le protocole. Andrew aussi, d'ailleurs. Il se leva, péniblement et elle lui sauta au cou de façon très affectueuse. De sa haute taille et avec sa musculature, son frère aurait pu l'écraser. Pourtant il répondit à son étreinte avec douceur. Ils finirent par se séparer. Andrew regarda alors les deux autres. Entièrement vêtu d'une tunique noire, crâne entièrement rasé et tatoué d'une horrible tête de mort, Olaek attendait tranquillement que l'on aborde les choses sérieusement. Les sentiments n'étaient clairement pas sa tasse de thé ! Il avait une petite barbe de trois jours qui lui apportait un certain charme. A côté de lui, se trouvait un guerrier massif, grand et élancé, que beaucoup craignaient dans cette salle. Ayreb, à l'armure éclatante, aux armes biens exhibées à sa ceinture et au visage goguenard affichait un air moqueur en voyant Andrew et Molly s'adonner à un tel épanchement de sentiments. Dire que LUI aurait du se trouver à la place de cette mauviette de lydéen !

Andrew remarqua alors Avian qui était visiblement en retard mais tentait de ne pas l'afficher publiquement. Il se demanda ce que mage pouvait bien avoir fait pour ne pas être là en même temps que les autres. Les gardes fermèrent les portes. Molly s'éloigna de son frère. Le silence tomba dans l'assistance. Tous étaient attentifs aux mots qu'allait prononcer leur Roi. Et ce dernier ne se priva pas de faire durer le suspense, histoire d'ajouter un côté théâtral à la situation. Son assistance était captivée. Andrew avança près des marches jusqu'à un petit pupitre de marbre où se trouvait une orbe lumineuse. Il la toucha du doigt. Des tourbillons lumineux en jaillirent. Comme le voulait la coutume, chacun des invités mit un genou à terre en signe d'allégeance. Il y eut un petit sifflement puis l'orbe se mit à rougir. Pareil des bulles qui éclatent, au pied du trône, des sièges apparurent. Il y en avait un pour chaque personne importante, pour chaque Maître. Le trône d'Andrew surplombait ce Conseil, rappelant qu'il assurait l'autorité des lieux. Au plus près de lui, siégeaient Molly, Avian, Olaek et Ayreb. Puis les autres, qui étaient moins haut dans la hiérarchie. Il s'assit alors, ce qui était le signal pour les autres. Ils pouvaient en faire de même. Il n'avait pas prononcé un mot, aussi, on tendait religieusement l'oreille. Danaé se plaça près d'Olaek aidée par Jewel. L'Elu décida alors que le temps était à la parole.

- Mes amis, je suis content de vous retrouver. Nous avons à parler et surtout à agir. La reconstruction prend beaucoup trop de temps. Les mages renégats d'Yrilia menacent notre sécurité. Nous devons accélérer la cadence. C'est pour cette raison que je vous ai demandé de venir. Nous devons tout coordonner. Je veux tout connaître de la situation. Je n'ai pas le pouvoir d'omniprésence, je veux connaître vos requêtes, vos difficultés, vos propositions. Personne ne sortira d'ici tant que je ne serais pas satisfait de la marche à suivre.


La dernière phrase fit aussitôt réagir Ayreb qui se leva de son siège. Andrew le foudroya du regard. Le guerrier Hankien qui était parti pour protester vertement et vulgairement comme il en avait l'habitude fut paralysé sur place. Andrew abritait Sedna en lui et il était inconcevable pour le jeune guerrier tumultueux de faire offense à sa Déesse même s'il revait depuis belle lurette de casser la gueule à son demi-frère. Tout le monde ici savait que les Hankiens ne manquaient pas de fierté et d'orgueil. Pour ne pas paraître plus stupide qu'il n'en avait l'air, Ayreb se mit à applaudir vigoureusement, accompagné de ses guerriers. Puis il se rassit. Contrairement à l'Elu de Cheera, Molly, Olaek et lui ne semblaient pas fondamentalement affectés par leurs pouvoirs. Ils abritaient d'anciennes divinités mais rien de particulièrement surpuissant pour leur âme et leur enveloppe charnelle. Ils étaient en pleine forme, contrairement à Andrew dont la mine fatiguée faisait beaucoup jaser à l'extérieur du Palais. Le Roi fit un geste agacé de la main, il détestait les honneurs et les acclamations. Les applaudissements cessèrent. Il poursuivit, alors qu'Ayreb reposait son cul sur son siège en faisant un bruit de buffle décérébré.

- Commençons par les marchandises. Oderne manque de nourriture, Hanka manque de matériaux de construction et Ténolas n'a ni eau potable, ni armes. Quel est le problème ? Pourquoi les convois commerciaux n'arrivent pas à bon port ? Pourquoi les escortes de soldat ne leur permettent pas d'arriver en vie ? Et surtout qui sont ceux qui attaquent. Je veux TOUT savoir.


Il posa son regard sur Gurkan puis sur tous les autres. Il était peut-être difficile pour l'assemblée de prendre la parole, car Andrew, si affaibli et vieilli paraissait-il avait aussi un charisme impressionnant et un ton franchement autoritaire.
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Lori

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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeSam 14 Déc - 15:47

Quand il ouvrit les yeux ce matin-là, Lori fut surpris de trouver un serviteur du palais penché au-dessus de lui.

« Pardonnez mon intrusion, messire Lori, mais Dame Myriam m'a envoyé vous réveiller. »

Se déplaçant avec une raideur pleine de dignité, le vieil homme déposa un pichet fumant sur la table de toilette. La promesse d'un début de journée gris et pluvieux filtrait par le vitrail. Lori n'avait pas pu dormir plus de quelques heures depuis que la délégation odernienne était arrivée à Ténolas. Il s'assit dans son lit pour regarder le serviteur vaquer à ce qui devait être sa tâche matinale. Après avoir disposé les instruments de toilette, le vieillard sortit du linge propre et une nouvelle tunique bleue du coffre à vêtements et les déposa au pied du lit. Peu habitué d'être servi de la sorte, Lori l'observait, de plus en plus mal à l'aise. Et si jamais il voulait l'aider à s'habiller ?

Depuis qu'il était revenu vivant de la Guerre, Lori avait vu son statut social changer à Oderne. Du simple soldat trop discret, il était devenu bras droit de Dame Myriam. Lui-même ne comprenait pas pourquoi sa dirigeante lui accordait autant de crédit et de faveur. Il n'était pas le seul à avoir flirter avec la Mort cette nuit-là au pied du Mont Kobol. Mais depuis le jour de cette grande victoire, tout avait changé pour lui. La Matriarche odernienne lui enseignait tout ce qu'elle savait, et elle l'emmenait partout avec elle. Lori avait même désormais accès aux dernières galeries d'Oderne, là où se terraient les plus mystérieux secrets de Tulan lui-même. Il se murmurait dans les tréfonds de la ville troglodyte que Dame Myriam avait pour ambition de faire de Lori son digne successeur, et qu'elle l'avait choisi car tout comme elle, il était né orphelin. Oderne était leur seule famille. C'était du moins l'explication la plus plausible pour tous.

« Vous faut-il de l'aide pour vous habillez messire ? » demanda l'homme avec respect.

« Ca ira, merci. Vous pouvez disposer. »

Le serviteur s'inclina et sortit de la pièce. Lori sauta hors du lit, se rua vers la bassine et commença sa toilette matinale. Dans peu de temps, le Roi Kant allait les recevoir. Il espérait que le manque de vivre d'Oderne serait à l'ordre du jour à cette réunion, car depuis quelques mois, les greniers n'étaient plus approvisionnés et les siens commençaient cruellement à manquer de nourriture. Face au miroir, le jeune homme s'habilla rapidement. De taille moyenne, Lori était un beau brun aux yeux profondément bleus. Ses cheveux en bataille dans lesquels se trouvaient en ornement des perles noires lui donnaient un côté impétueux qui contrastait pourtant beaucoup avec la discrétion de son caractère effacé. Son physique à rendre jaloux les Dieux faisait bien plus parler que ses prouesses au combat.

Une fois qu'il eut quitté la chambre qu'il occupait au palais, Lori rejoignit Dame Myriam et les siens dans la grande salle commune pour prendre un repas. De nombreuses autres délégations occupaient les tables. Le bruit des conversations était assourdissant. Tout en dégustant des saucisses et des carrés de fruits, Dame Myriam discutait avec Déjanire, l'intendante de Ténolas.

« Voici donc le fameux messire Lori dont vous ne cessez les éloges ? » Accompagné d'un sourire, l'intendante servit un gobelet de thé au jeune homme. « Bienvenue à Ténolas. »

« C'est bien lui. » fit Dame Myriam, emprunte de fierté.

Lori accepta la boisson tendue et durant la majeure partie du repas, il tenta de rester en retrait de toutes conversations. Il n'aimait pas que l'attention se focalise sur lui. Le jeune homme ne se sentait bien que dans la masse. Mais hélas, ici, il n'y avait qu'une poignée d'Odernien. Pas de quoi se cacher éternellement derrière les siens. Depuis son retour de la Guerre, sa vie avait changée. Trop à son goût. Il se sentait perdu.

Lorsque vint le moment aux nombreux délégations d'entrer à l'intérieur de la salle du trône, Lori et Dame Myriam prirent soin de se mettre en retrait, comme le voulait la tradition odernienne. Au fon de la salle, ils pouvaient avoir une vue d'ensemble des occupants de celle-ci. Le roi Kant commença alors à parler. Tous le monde l'écouta avec attention et respect, et lorsqu'il eut fini, Gürkan se leva pour prendre la parole. Le guerrier Lydéen n'avait visiblement aucune difficulté à affronter le regard autoritaire de celui qu'il considérait désormais comme son seigneur.

« Ce sont les Trayaregs. » dit-il sans se soucier des murmures que cette révélation engendra dans l'assistance. « J'ai reçu un message ce matin de Meecham. Il y a plusieurs jours, ses hommes et lui ont croisés une escouades de sauvages le long de la rivière Koboline. Ils remontaient le courant les bras chargés de leurs larcins. »

Une jeune femme parée de bijoux somptueux se leva à son tour et s'adressa au roi avec respect. Il s’agissait de Sara, fille de Gaïus de Minbar. Le vieux dirigeant n'avait pu se déplacer jusqu'à Ténolas, son état de santé étant trop précaire. Alors Sara fut désignée pour le représenter lui et le village lors de cette assemblée.

« Depuis quelques mois, nous croisons de plus en plus de Trayaregs dans les Rocailles, seigneur. Ils fouilles les galeries, même celles des Saratiis, et cela au péril de leur vie. »

Le murmure des conversations s'intensifia. Depuis l'époque des Grandes Invasions Trayaregs, ceux-ci n'avaient plus jamais quittés leur territoire, ni leur cité fortifiée. Aucun Cheeranis n'avait eu de contact avec l'un de ces sauvages. Pourquoi refaisaient-ils soudainement surface ?


Dernière édition par Lori le Lun 27 Jan - 4:43, édité 2 fois
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Andrew Kant
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeSam 14 Déc - 17:20

Andrew les regardait tous un par un alors que les murmures commençaient à se transformer en franches discussions animées. Ses yeux se posèrent sur chacun des visages qu'il était en mesure de voir. Tous ces gens étaient soulagés que la guerre soit terminée. Les combats avaient apporté leur lot de souffrance et de morts. Andrew avait tenu à ce que chaque cadavre soit enterré avec les honneurs et les rites nécessaires. Ça avait pris du temps, mais son ordre fut exécuté soigneusement jusqu'à la dernière dépouille. Désormais, il ne restait que le tristesse et la mélancolie. D'habitude, les vivants continuaient leurs vies en positivant sur l'avenir. L'âme de leurs proches disparus ne pouvait qu'être heureuse, après tout. Mais depuis la fin de la guerre, les choses avaient changé. A l'instar des couleurs jadis chatoyantes des fleurs, les cœurs s'étaient ternis. La Vague avait quitté ce monde, emportant avec elle l'essence même des remous qu'elle avait créé. La chagrin ne se surmontait plus aussi facilement, il n'était pas rare de voir des gens pleurer, emplis de mélancolie, parfois inconsolable. Sous le regard bleu, insondable d'Andrew, se cachait une compassion profonde. Il souffrait, lui aussi... Il comprenait que les survivants s'attristent, que la nature elle-même ait abandonné un peu d'espoir. Mais il ne fallait pas se résigner. La tâche était déjà compliquée comme cela, sans rajouter du défaitisme. Kant avait pris une claque, physiquement, il paraissait fatigué par le pouvoir qui lui incombait. Pourtant, il se raccrochait à ses forces pour décider, pour régner. Sa détermination il allait la mettre à contribution pour faire de ce monde, un véritable bastion. L'union devait perdurer pendant des millénaires et tout restait à faire.

Sous ses yeux, il avait bien l'exemple de la division. Les gens parlaient, s'agitaient. Ayreb faisait partie de ceux qui riaient au nez de Gürkan. L'effroi laissa place à la dérision, aux moqueries... nombreux étaient ceux qui ne voulaient pas croire à une action des Trayaregs. Et pourtant... ce peuple méconnu vivait reclus. On ne parlait d'eux que dans les légendes, leur attribuant des coutumes cannibales et des desseins aussi noirs que l'étaient ceux de Thorin. Sentant que la situation était en train de dégénérer quand des noms d'oiseaux peu gratifiants furent lancés par les représentant d'Hanka, Andrew fit un geste impérieux de la main. Ce fut radical, les voix retombèrent et le silence s'installa. Si certains obéissaient par loyauté, d'autres le faisaient par crainte. Andrew était l’Élu de Cheera, celui qui abritait aussi le pouvoir de Kobol et de Sedna. Nul ne voulait le compter dans ses ennemis ou l'avoir sur son dos.

ANDREW - « Si les Trayaregs sont sortis de leur repaire et qu'ils bougent de façon inhabituelle, c'est suffisant pour que ça nous alarme ! »

OLAEK - « Je confirme les dires de Meecham, Sara et Gürkan. Les Trayaregs ont aussi tenté de pénétrer dans le Bois des Brumes, sans que nous en sachions la raison. Mais ils n'ont pu le faire... nous y avons veillé. »

Il y eut un léger brouhaha tandis qu'Andrew fronça les sourcils, légèrement contrarié. Ce n'était pas tant l'intervention d'Olaek qui l'agaça, ni le fait que les Trayaregs mettent en péril les différents convois entre les communautés. Il fit taire les murmures avec un ton réprobateur et ferme qui créa un léger malaise.

ANDREW - « Pourquoi n'en ai-je pas été informé ? Vous trouvez que des déplacements de Trayaregs dans nos terres sont normaux ? Combien de temps cela aurait-il duré si je n'avais pas évoqué les problèmes d'approvisionnement ? Nos communautés doivent se serrer les coudes ! Comment pouvons-nous être efficaces si chacun garde sa petite information cruciale dans son coin ? »

La colère de Kant menaçait de s'exprimer et il fit un effort surhumain pour se contenir. Ce n'était pas de leur faute si les convois étaient attaqués, encore moins si les Trayaregs bougeaient. Il savait que pousser une gueulante lui ferait du bien mais que ça pénaliserait leur unité. Son regard croisa celui de Molly, le seul capable de l'apaiser durablement. Il passa sa main dans sa barbe.

ANDREW - « Dorénavant, je veux être informé de chaque chose inhabituelle, soit par messager, soit par oiseau. Je compte sur vous tous. On ne peut pas se permettre une absence totale de coordination. C'est l'union qui nous a sauvé, c'est elle qui nous permettra de faire de grandes choses. Je ne sais pas pour quelle raison les Trayaregs se sont aventurés si loin hors de leur territoire, ni pour quelle raison ils s'en prennent à nos marchandises. Mais cela ne leur ressemble pas. »

AVIAN - « Ils sont peut-être désespérés. »

Les regards se tournèrent vers le mage, vêtu d'une aube grise et d'une ceinture en cuir rapiécée. Sentant la curiosité dans le regard d'Andrew et d'autres, il poursuivit avec assurance.

AVIAN - « Nous savons très peu de choses sur les Trayaregs. Mais s'ils adoptent une attitude suicidaire, s'ils prennent des risques inconsidérés c'est peut-être parce qu'ils n'ont plus le choix. Le manque de nourriture, la crainte d'un ennemi... ce sont autant de choses qui peuvent expliquer leur comportement aujourd'hui. »

AYREB - « Dans ce cas, massacrons-les jusqu'au dernier ! S'ils manquent de nourriture, ils seront plus faibles ! »

Molly et Olaek levèrent les yeux au ciel en même temps. Mais ce fut l'Assassin qui mit le feu aux poudres.

OLAEK - « C'est ta mère qu'on aurait du massacrer pour éviter ta naissance. »

AYREB - « FILS DE PUTE ! Je vais te saigner ! »

Les lames sortirent de leurs fourreaux. Ayreb allait sauter à la gorge de son demi-frère lorsque la voix d'Andrew les stoppa net dans leur élan. Les lourds piliers de la salle en tremblèrent. Au dehors du Palais, les quelques badauds se hâtèrent de se mettre à l'abri.

ANDREW - « SILENCE ! »

Plus personne n'osait dire un mot. Kant s'était levé de son trône. Oui, il avait pris dix ans en six mois, oui, il avait le visage fatigué, mais sa carrure imposante et son regard souverain montraient qu'il ne s'était pas ramolli, bien au contraire.

ANDREW - « Il n'est pas question que le sang soit à nouveau versé sauf si on nous oblige. Je ne vais pas prendre le risque d'ouvrir une guerre avec les Trayaregs alors qu'à tout instant, les nécromanciens renégats d'Yrilia menacent de nous envahir ! Aucun Trayaregs ne nous a attaqué directement, ni près de la rivière koboline, ni près du Bois des Brumes, ni dans les souterrains des Rocailles. Nous n'allons pas les massacrer, je veux savoir pourquoi ils agissent ainsi et ce qu'ils veulent. Quitte à me rendre moi-même dans leur Citadelle pour le leur demander. »

OLAEK - « Ce serait de la folie... »

A nouveau, les murmures reprirent. Mais Molly semblait résignée. Elle savait qu'Andrew ne reviendrait pas sur sa décision. L'idée de voir son frère partir dans un endroit aussi dangereux la terrifiait. Danaé sentit son trouble et la rassura d'une petite tape sur l'épaule. Peut-être que Kant perçut son trouble à l'occasion d'un bref coup d'oeil, parce qu'il ajouta quelques mots supplémentaires.

ANDREW - « A moins que l'une ou l'un d'entre vous ait une meilleure idée pour éviter de faire couler le sang. Je suis tout ouïe. »
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeDim 15 Déc - 21:49

Tandis que les dirigeants parlaient vivementet qu'une nouvelle invasion des Trayaregs fut énoncée par quelques-uns d'entre eux, Alcin et Helen se regardèrent avec gravité. Les cheeranis ne pouvaient pas se permettre de mener à nouveau deux guerres en même temps. Ce monde n'en sortirait pas indemne. Alors, avec l'accord tacite de sa sœur de culte, le prêtre se leva pour s'avancer entre les sièges tout en écartant les bras pour faire taire le brouhaha.

ALCIN - « Les amis. Les amis ! Ne nous précipitons pas. » dit-il alors qu'il rejoignait l'estrade où se trouvait Andrew. « Il convient dans un premier temps de savoir exactement à qui nous avons a faire. Qui sont réellement les Trayaregs ? »

« Des sauvages cannibales ! » s'écria-t-on dans l'assistance.

Alcin hocha la tête vivement, retenant l'argument tout en le balayant magré tout d'un revers de la main.

ALCIN - « Oui ! C'est exact. C'est ainsi que nos légendes les décrivent. » Il fixa son regard dans celui de son seigneur une seconde afin de s'assurer de son attention, avant de faire face à l'assemblée. « Mais le sont-ils réellement ? Quelqu'un ici a-t-il prit la peine de communiquer avec eux dernièrement ? »

JEWEL - « Vieux fou ! » s'indigna Jewel. « Il est impossible de le faire. Ce sont des sauvages qui étripes tout ceux qu'ils croisent ou s'approchent de leurs terres. »

ALCIN - « Et si c'était exactement ce qu'ils désiraient nous laisser croire afin de nous tenir à l'écart ? »

Dame Myriam se raidit, ce qui n'échappa pas à Lori assit à ses côtés.

DAME MYRIAM - « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

ALCIN - « Avant d'être le nôtre, ce monde appartenait aux Trayaregs. Nul ne peut décemment le contester. Les preuves existes ici-même, à Ténolas. » Personne ne pouvait contester cette vérité. Et surtout pas le Roi Kant qui la connaissait sortie de la bouche même de la Créatrice. « Par amour pour Cheera, Kobol à accepter que les derniers Sulas foulent ses terres. Les guerres d'hier ne sont plus celles d'aujourd'hui. L'époque des grandes invasions Trayaregs est révolues depuis des centaines d'années. Ces guerres... si réellement elles ont eu lieu, pour quelle raison ont-elles été menées ? Le savez-vous ? Pouvons nous reprocher à un peuple de défendre son monde face à l'envahisseur ? »

GÜRKAN - « Où veux-tu en venir ? » s'impatienta Gürkan. « Va droit au but. »

Alcin se tourna vers Andrew et affronta plus sérieusement son regard.

ALCIN - « Je pense, mon seigneur, qu'il est grand temps d'arrêter de se fier aux légendes et de se tourner vers les faits. Nous ne savons rien des Trayaregs. Nous dénigrons ce peuple que nous jugeons primitif et violent depuis des centaines d'années, sans même chercher à nous faire une réelle opinion à leur sujet. Je ne peux m'empêcher de me demander si le vœux de Cheera n'impliquait pas également nos hôtes ? »

A son tour, Helen se leva et ajouta :

HELEN - « Grâce à la Vague, les Rongmonls et les Obaris sont de nôtre côté. N'y a-t-il pas une chance, même infime, que les Trayaregs puissent être également du nôtre ? »
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Andrew Kant
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeLun 16 Déc - 2:00

Andrew était profondément attentif à chacun des gestes et des mots d'Alcin. A aucun moment il n'avait envie que la situation ne dégénère à nouveau. Hausser le ton commençait sérieusement à le lasser, déjà qu'il n'aimait pas l'idée de commander mais qu'il y était contraint... Le guérisseur parlait avec sagesse et avec conviction. Kant ne s'attendait pas à trouver en lui un allié de poids, ni à ce qu'il lui donne raison. A vrai dire, au moment où il se leva, l’Élu de Cheera pensa qu'il avait préparé un solide argumentaire pour le dissuader de faire quoi que ce soit de dangereux. Au lieu de ça, cet homme lui sauvait la mise. Il parlait avec aplomb, en soulevant les bonnes questions. Andrew jeta un coup d’œil à Molly qui parut abdiquer, en soupirant légèrement et en secouant la tête de façon défaite. Il la savait inquiète, mais ça ne serait pas la première fois qu'elle se ferait un sang d'encre pour lui. La jeune femme était particulièrement tendue depuis la mort de son fiancé odernien. Elle espérait bien que son frère vive, il était son épaule désormais. Son attention se porta sur Jewel, qui venait de prendre la parole de façon très vive. Ses yeux bleus se gardèrent bien de croiser les siens. La jeune maman lui en voulait pour la disparition de Koah et elle n'avait pas tort. Il savait qu'il restait responsable de son départ. Et de la mort de Logan aussi... L'amertume et les regrets ne le quittaient plus. Mais le sujet demeurait très sensible. Personne n'avait osé lui reprocher quoique ce soit en public... Malheureusement, il y avait un début à tout et alors qu'Andrew reprenait le fil de la conversation en regardant Alcin, une voix vive et puissante s'éleva dans la pièce.

AYREB - « Sauf que la Vague n'est plus parmi nous ! Si elle avait fait obéir les Trayaregs, ils seraient venus nous aider lors de la guerre ! Ils ne l'ont pas fait ! Ce sont des sauvages sanguinaires ! On doit les exterminer avant qu'ils ne nous nuisent ! »

Ayreb regardait son demi-frère avec une haine profonde. Lui aussi, il savait que Koah n'était pas parti pour rien. Il était empli de jalousie, indigné que le jeune homme ait préféré briser son cœur pour l’Élu alors que lui l'aimait réellement. Andrew se raidit et le foudroya du regard. Il n'accepterait pas qu'on l'attaque ouvertement sur le sujet. Il se préparait à serrer les poings à tout moment pour lui éclater la tronche. Mais Avian s'approcha d'Alcin.

AVIAN - « Alcin a raison. Nous ne connaissons rien des Trayaregs. Nous n'avons jamais cherché à savoir quoique ce soit à leur sujet. Nous avons obéi délibérément aux ordres de nos Dieux. Les mêmes Dieux qui se sont sacrifiés. Ils ne sont plus là aujourd'hui pour nous interdire d'agir. Ce monde nous appartient. Et si j'ai un profond respect pour le combat qu'ils ont mené, l'avenir repose entre nos mains. »

OLAEK - « Il n'est pas question qu'Andrew y aille seul. Je viens, ma mission à Oderne est terminée. Dame Myriam a pu renforcer les galeries de la Cité. »

Après s'être approché d'Andrew à son tour, il posa son regard gris et impitoyable sur Myriam. Les choses n'avaient pas été toutes roses au début mais Olaek avait su se montrer plus respectueux et à deux, ils avaient considérablement renforcé les défenses d'Oderne. Mais Andrew n'entendait pas que son demi-frère vienne dans la Cité Trayaregs. Trop précieux à ses yeux. Trop d'enjeux avec les Yriliens. Il profita du brouhaha ambiant pour lui glisser à l'oreille :

ANDREW - « Ton offre me touche, Olaek, mais j'ai besoin de toi, ici, pour surveiller ce qu'il se trame avec les Yriliens. Et pour prendre des décisions en mon absence. Il n'est pas question que ce soit Ayreb qui le fasse. »

OLAEK - « Ca m'ennuie, mais soit... je ferais comme tu voudras. »

D'un geste presque paternel, Andrew lui tapa sur l'épaule puis il leva la main pour faire revenir un peu de calme. Décidément, cette assemblée était très agitée.

ANDREW - « Je préfère m'entourer de soldats, au cas où ça tourne mal... Gürkan, Ayreb, vous viendrez avec moi avec un petit détachement d'hommes. Lycos, Karl, vous resterez ici pour veiller sur les points stratégiques. Si Yrilia attaque, je veux être immédiatement prévenu. Je vais faire rappeler Meecham et ses hommes pour qu'ils restent dans les parages également. »

Il ne put s'empêcher de regarder Jewel. Il essayait, autant que possible, de laisser Meecham proche de sa femme et de son bébé. Même s'ils étaient en froid, Andrew ressentait le besoin de se faire pardonner, de protéger la meilleure amie de Koah. Ce n'était pas une tâche facile, parce qu'elle le méprisait réellement. Mais il essayait. Il comprenait son ressentiment, il essayait de le combattre comme il le pouvait.

ANDREW - « Comment évoluent les recherches des archives d'Elidas, Avian ? »

AVIAN - « Lentement... ce n'est pas de tout repos, nous avons de nombreuses informations mais il est difficile de les déchiffrer, ça prendra du temps... une bonne semaine. »

ANDREW - « Bien... alors dans ce cas continuez là-bas. Un mage n'aurait pas été de trop mais je pense qu'Alcin et ses dons de guérisseur seront plus utiles. »

Il ne voulait pas imposer à Alcin de venir mais il avait décelé son élan de curiosité dans ses propos. D'ordinaire, Andrew ne laissait pas le choix. Il avait appris à trancher. Avec les guerriers, c'était facile. Ils lui obéissaient, avec honneur et respect sans contester. Quelquefois, il y avait quelques ronchonnements mais rien de bien méchant. C'était normal de s'exprimer. Les plus réticents étant les guerriers hankiens, il jouait sur la domination d'Ayreb pour les faire marcher au pas. Il posa ses yeux sur Lori. Il avait entendu parler de ce jeune soldat pour ses actes héroïques à la guerre. Leur relation était neutre. En fait, ils se rencontraient vraiment pour la première fois d'aussi près. Sentant que son regard pouvait paraître trop insistant et gêner le guerrier, il se tourna vers Myriam.

ANDREW - « Une paire de bras supplémentaires ne serait pas de refus... surtout si ces bras ont fait leurs preuves face à l'ennemi. Puis-je vous compter sur votre guerrier, Dame Myriam ? »

Les hankiens pouffèrent de rire en regardant Lori de haut en bas. Il était odernien, élancé, bien bâti mais sa musculature n'arrivait pas à la cheville des guerriers d'Ayreb. Pour eux, il n'était qu'un minable gringalet ! Molly, qui n'avait pas la langue dans sa poche, prit sèchement la parole.

MOLLY - « Il y a quelque chose de drôle peut-être, espèces de batraciens dégénérés ? »

Ayreb allait répliquer et provoquer une nouvelle dispute lorsqu'un cri plutôt strident retentit. Tout le monde sembla surpris et les guerriers portèrent la main à leurs armes. Andrew tendit le bras et un magnifique oiseau de couleur orangée s'y posa. Malgré l'absence de protection, les griffes acérées ne lui firent aucun mal. Le volatile observa l'assistance, figée dans le silence alors que Kant lui retira le message qu'elle portait autour du cou. Andrew le déroula et le lut rapidement. Une écriture fine, légèrement penchée qu'il ne connaissait que trop bien lui relatait ses quelques mots : "Sire, la commande que vous avez effectuée est presque prête. J'ai besoin que chacun des futurs propriétaires vienne me voir à ma Forge, pour parfaire les derniers détails. J'espère que lesdits guerriers auront sursauté en voyant arrivé mon splendide messager. Quel dommage que je n'ai pu être là pour y assister ! Mais je m'en gausse à distance ! Votre dévoué, Bräm". L’Élu se caressa la barbe et voyant qu'Olaek lisait par dessus son épaule, il froissa le papier et le lâcha. Avant même que la feuille ne touche le sol, elle fut complètement consumée par une magie étrange. Il laissa l'oiseau s'envoler et repartir par le balcon d'où il était entré.

ANDREW - « La séance est levée pour le moment. Je vais demander à ceux qui ont été désignés pour l'expédition de m'attendre dans la salle de la Carte. Les autres, le banquet vous attend mais je ne pourrais y assister avec vous. Vous le comprenez. Danaé se fera un plaisir de vous tenir compagnie en mon nom. »

Les portes s'ouvrirent pour que la salle se vide. Andrew fit un geste à Helen, Olaek et Molly pour les retenir. Il leur parla à voix basse.

ANDREW - « Bräm a terminé son travail à la Forge, nous allons nous y rendre en premier. Quand nous serons partis que les hommes aillent chercher leur équipement par petits groupes. Molly, j'aimerais que tu t'occupes du chantier de la Grande Statue. Les gens ont besoin d'un lieu où se souvenir et se recueillir. Nous ne devons pas perdre de temps. Helen, en mon absence, je te fais confiance pour veiller à ce que les Cités se portent bien. N'hésite pas à demander de l'aide à Meecham. Je lui confierais ma vie... enfin, si ça n'était pas déjà fait... Olaek, je veux que tu guettes tout mouvement suspect de nos ennemis. Tu seras notre éclaireur, celui qui déclenchera l'alerte si les Idrazits sont floués. Je compte sur toi et tes hommes. Je m'en remets à vous trois, j'ai suffisamment confiance en vous pour faire ce qui sera nécessaire dans tous les domaines. »

OLAEK - « Est-ce une bonne idée d'emporter Ayreb avec toi ? Ne vas-tu pas faire la paix avec les Trayaregs à la tête d'une armée ? »

ANDREW - « Je préfère avoir Ayreb sous le yeux pour le moment. Je n'ai pas confiance en lui. J'ignore qui sont les Trayaregs mais je ne veux pas leur laisser croire que nous sommes sans défense. Personne ne les attaquera, mais s'ils ont la réputation qu'on leur accorde, alors la puissance compte beaucoup pour eux. Veillez bien sur Danaé, Jewel et Déjanire, s'il vous plait... »

Kant jugea qu'il était temps de partir. Il passa sangla son carquois à sa ceinture et y accrocha son arc. Puis il sortit de la salle du trône sous les regards respectueux parfois craintifs des autres. Il rejoignit la salle de la Carte où se trouvaient les autres guerriers. Au centre de la pièce, se trouvait la carte du monde de Cheera, en relief, représentant chaque détail. Andrew savait qu'on allait lui poser des questions, mais il préféra les laisser venir. Après tout, l'heure était au dialogue, à l'établissement d'une stratégie.
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeVen 20 Déc - 22:05

Face à la demande d'Andrew, Dame Myriam émit quelques réticences intérieures. En digne dirigeante, elle se garda bien de les laisser transparaître devant l'assemblée. Tandis que le roi et ses soldats s'enfermèrent dans la salle de la Carte pour peaufiner leur stratégie, Dame Myriam et Lori rejoignirent leurs appartements. Elle voulait discuter en tête à tête avec son protégé avant de le laisser s'en aller.

DAME MYRIAM - « Je ne sais pas si j'ai envie de te laisser partir là-bas. » confia-t-elle en préparant une théière d'eau chaude. « Tu m'es si précieux. »

En silence, Lori alla s'asseoir sur un tabouret près de l'âtre. Il observa la Matriarche avec attention. Pourquoi était-elle aussi protectrice avec lui depuis son retour de la guerre, alors qu'avant celle-ci, c'était à peine s'il existait à ses yeux ? Il lui arrivait de se demander si les sentiments qu'elle lui portait n'allaient pas au-delà des sentiments raisonnables que devait ressentir une dirigeante pour l'un des siens. Depuis son retour du Mont Kobol, la vieille femme ne cessait de le glorifier à outrance. Et c'en était gênant.

LORI - « Oderne doit d'être présente, ma Dame. » dit Lori sur un ton assez laconique.

DAME MYRIAM - « C'est exacte. Nous sommes la troisième communauté de ce monde, et en tant que telle, nous devons être représenté lors de cette rencontre avec ces sauvages. Mais rien ne m'oblige à t'y envoyer. Tu n'y serais pas en sécurité. »

Lori baissa les yeux, regardant ses genoux, puis ses bottes un instant avant de poser à nouveau son regard sur Dame Myriam qui sortait de sa chasuble un sachet d'herbes qu'elle fit aussitôt infusé dans la théière.

LORI - « Alors qui souhaitez-vous y envoyer à ma place ? »

*********
La discussion autour du thé lui avait semblé tellement longue et éprouvante que Lori ne se souvenu plus exactement quand Dame Myriam prit la décision de l'envoyer malgré tout vers la cité des Trayaregs. Même si ça ne l'enchantait guère de s'y rendre, le jeune homme accepta l'ordre de la Matriarche et rejoignit le roi Kant et ses futurs compagnons à la forge de Ténolas. A l'intérieur de celle-ci, il y retrouva Gürkan Miras et quelques lydéens occupés à aiguiser leurs glaives, ainsi que le chef d'Hanka qui discutait bruyamment en examinant une étagère remplie d'armes. Lorsqu'ils remarquèrent sa présence, Lori se sentit aussitôt jugé et analysé des pieds à la têtes. Il n'avait pas l'impression d'être le bienvenu, ni d'être réellement à sa place dans les rangs du Roi. Il n'avait rien d'un guerrier. Ses performances sur un champ de bataille laissaient franchement à désirer. Et son physique plus qu'avantageux ne trouvait grâce à leurs yeux que sur un plan purement charnel.

GUERRIER HANKIEN - « Ce n'est même pas un vrai guerrier. » entendit-il murmurer alors qu'il s'avançait vers le fond de l'atelier, là où Alcin et son apprenti attendaient, assis près d'une table sur laquelle se trouvait un armement impressionnant.

GUERRIER LYDEEN - « Au pire, il nous divertira au coin du feu. » rigola un Lydéen.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, soldats Lydéens et soldats Hankiens semblaient s'accorder sur le fait que Lori n'était pas à la hauteur d'une telle quête. Etait-ce à cause de la bienveillance de ses traits ou de la douceur de ses gestes ? Même l'apprenti d'Alcin donnait l'impression d'être plus amène de se débrouiller en dehors de Ténolas que lui.

ALCIN - « Ne les écoutez pas Lori. » dit Alcin en relevant à peine la tête d'un rouleau de parchemin quelques secondes pour lui offrir un sourire aimable. « Ces hommes ne jures que par la grosseurs de leurs bras et la taille de leurs épées. Ils n'ont jamais compris la subtilité des combattants oderniens. Et ils oublient vite que la Vague n'était qu'un glaneur. Pourtant, elle a sauvée notre monde. »

Peu loquasse comme à son habitude, le jeune homme se contenta d'un hochement de tête avant de s'éloigner et d'aller s'asseoir sur le coin d'une enclume, les bras croisés sur son ventre. Combien de temps allait-il devoir attendre ici avant de partir ? Et d'ailleurs, que faisaient-ils tous ici ? De ses yeux bleus, Lori chercha après Andrew à travers les rayons de planches débordant d'épées. La forge de Ténolas ne payait pas de mine. Elle reprenait apparemment à peine du service, comme la plupart des bâtiments de la cité. Des ouvriers avaient sécurisé la charpente et remit en état le fourneau dans lequel l'acier chauffait à en déborder.

GÜRKAN - « Kant ne va plus tarder. » annonça Gürkan à l'attention des Hankiens qui semblaient s'impatienter.

Lori leva la tête vers les soldats amassés plus loin.

LORI - « Qu'est-on venu faire ici ? »
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeSam 21 Déc - 3:31

Les soldats parlaient beaucoup des Trayaregs. Ils étaient inquiets. Andrew le comprenait aisément, lui-même n'avait pas la conscience tranquille. Il ne savait rien de ces créatures hormis ce qu'en disaient les légendes. Des cannibales, des barbares aux coutumes d'un autre temps. Ayreb avait profité de son absence pour dresser un portrait peu flatteur de ce qu'il considérait comme une abomination, une ignominie à détruire en masse. Ça ne le dérangeait pas de parler d'un génocide et d'évoquer la meilleure façon d'y parvenir, pas même devant son Roi. Andrew se demanda encore comment il faisait pour ne pas lui éclater la tête une bonne fois pour toute. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Mais pour l'instant, Ayreb était plus utile bien vivant que blessé... Il avait des qualités de guerriers hors du commun et même si son demi-frère était une brute épaisse, malgré tout, Andrew ne pouvait se résoudre à lui faire du mal. Il n'avait pas oublié les dernières paroles de Sedna, au sujet de Cheera. Elle avait apporté la paix aux âmes des Sulas pour leur offrir un nouveau monde. Son acte leur avait donné la vie. Son ultime sacrifice leur permis d'avoir la liberté. Enfin, tout était relatif. Tant que Thorin respirerait encore, ce monde ne serait pas en sécurité, loin de là... Il fallait éradiquer cette menace, se préparer à son retour dans quelques années. L'ancienne Déesse des mers avait été sûre d'elle. Son père leur vouait une haine telle qu'il ne baisserait pas les bras. La guerre de la Faille fut un des prémices. La première bataille que les cheeranis livrèrent unis. Portés par l'amour de Cheera, par la puissance de ses dernières paroles, de son geste, par le pouvoir d'Andrew, les Sulas l'emportèrent.

Ce ne fut pas sans heurt, ni sans mort... Hélas ! Andrew ressentait la peine de toutes ces familles endeuillées. Il les comprenait, il se rendait compte que lui aussi, en étant si prompt à la violence, à la colère, à la hargne, il avait joué le jeu de Thorin. Sa pire erreur, celle qu'il ne pourrait jamais se pardonner, c'était d'avoir fait fuir Koah. Il ne lui avait pas laissé le choix... pas après toutes les horreurs qu'il lui avait dites et faites. Ayreb lui en voulait... Il s'avéra indéniable que son demi-frère était tombé amoureux de la Vague. Mais cet amour n'était pas réciproque. Andrew le sentait grâce à son pouvoir. Il entendait davantage le tintement de sa propre âme quand il repensait au glaneur. Le même qu'il écoutait lorsque Jewel et Meecham se trouvaient l'un à côté de l'autre, ou qu'ils pensaient à eux mutuellement. Cela ne le trompait pas. Il savait quel était le sens de ces "bruits". Il l'avait nié jusqu'à maintenant mais la réalité le rattrapait. Il se retrouvait donc à éprouver envers Ayreb un sentiment lointain de jalousie... parce qu'il avait fait un enfant à Koah... parce qu'il ne l'avait pas déçu, lui... La vie était ainsi faite. On finit toujours par remarquer à quel point on tient à une personne, lorsque celle-ci n'est plus là. Cette punition porte un nom : le remords. Elle est le fardeau de ceux qui nient les évidences et qui brisent ce qu'ils ont de plus précieux autour d'eux. Le remords ne s'efface pas. Il se porte, au jour le jour, massif, comme un poids difficilement supportable. Le Roi se sentait soudain lassé de toutes ces allusions violentes. Il s'approcha simplement d'un des guerriers lydéens, qui parlait doucement à Gürkan pour lui dire :

ANDREW - « Va jusqu'à la muraille et demande à un messager de porter un ordre à Meecham. Il a bien travaillé, il mérite de se reposer et sa présence ici sera précieuse à tous. Qu'il rentre avec son groupe. Quand tu auras accomplis ta mission, rejoins-nous à la Forge. »

GUERRIER LYDEEN - « Oui Majesté. »

Majesté... Andrew resta interdit. Il ne se faisait pas à ce titre... ni à la façon dont tout le monde le regardait. Il n'était qu'un homme comme les autres, même s'il avait le pouvoir de tuer les Immortels. Gürkan sembla amusé par la situation, il comprenait sans doute que son chef soit décontenancé car il n'était pas autant habitué aux honneurs. Il était bien difficile de reconnaître le chasseur de Lydée dans l'homme qu'il était devenu. Les épreuves n'avaient pas arrangé son caractère de feu, pas plus qu'elles ne l'avaient physiquement épargné. Décidant d'éluder cet épisode et de faire cesser les discussions haineuses contre les Trayaregs, Andrew reprit de façon plutôt impérieuse.

ANDREW - « Nous aurons tout le temps de débattre sur la question, même si ma décision est prise et qu'aucun de vous ne me fera changer d'avis. Cela dit, si ça vous fait du bien de l'espérer, alors soit. Bräm nous attend à la forge, l'équipement est prêt. Alors allons-y. »

Il se dirigea vers la porte de la salle, suivi par les autres qui ne semblaient pas apprécier le fait qu'Andrew soit buté sur sa volonté pacifiste.

***

Après le départ d'Andrew, Olaek avait pris soin de retourner dans l'ombre, avec les assassins qu'il avait formé. Ils n'étaient pas de sa nature, son peuple avait été massacré dans le Bois des Brumes. Il en était le seul représentant. Mais à Oderne, on trouvait des gens capables d'être discrets et de tuer habilement un ennemi, malgré la lourdeur des habitants. Son séjour avec Dame Myriam dans les galeries lui permit de s'entourer d'une petite escouade. Il faisait confiance à ses hommes, qu'il avait soigneusement recruté. A l'abri des regards et des oreilles, perchés sur l'une des plus hautes tours du palais, l'Assassin regardait le groupe mené par Andrew marcher vers la Forge, fumante. Un de ses acolytes brisa le silence :

VALIK - « Quelques uns d'entre nous devraient les suivre, pour s'assurer qu'il ne leur arrive rien. »

OLAEK - « En vérité, je crois que c'est inutile. Ils ont déjà quelqu'un qui veille sur eux. »

Olaek désigna un point noir en contrebas. Assis sur un banc de pierre, une silhouette encapuchonnée fumait sa pipe l'air de rien. Valik haussa un sourcil. Il ne voyait pas ce qui permettait à Olaek de dire que l'individu était impliqué dans une quelconque surveillance. L'Assassin répondit, avec patience, pour combler son ignorance.

OLAEK - « Cet individu n'a pas bougé depuis que nous sommes arrivés. Si tu regardes attentivement, tu verras qu'il est déjà armé d'une longue épée. Il les suit du regard... je peux le sentir de là... »

VALIK - « Mais qui est-ce ? »

OLAEK - « Je n'en suis pas tout à faire sûr, Valik... Si c'est bien ce que je pense, je ne me fais aucune inquiétude sur leur sécurité. Elle saura les protéger. »

VALIK - « Elle ??? C'est une femme ??? »

OLAEK - « Je connais peu d'hommes qui ont suffisamment de goût pour porter le bijou qu'elle porte autour du poignet. A vrai dire, on en trouve qu'en un seul endroit sur cette île... et il vaut mieux que cela reste secret. Allez prendre vos positions, si vous remarquez quoique ce soit, vous savez comment m'avertir. »

La curiosité de Valik avait piquée au vif, comme celle des autres. Mais Olaek ne parlerait plus. Brutalement il disparut et devint totalement invisible et silencieux. Avoir été choisi par Tulan avait quelque chose de jubilatoire, il pouvait se glisser n'importe où sans craindre d'être remarqué. Et il savait déjà ce qu'il allait faire ce soir. Ce n'était pas par hasard qu'il se dirigeait vers le campement amazone à l'extérieur de la ville. Il fallait bien profiter des petits plaisirs de la vie, lui qui côtoyait la mort de près.

***

Andrew avait demandé à ses guerriers d'attendre tranquillement dans la Forge le temps qu'il mette la main sur son propriétaire. Ce fut finalement dans le sous-sol qu'il le trouva, affairé à récupérer des matériaux. Kant fut surpris par le colosse. Ils s'étaient déjà vu, à maintes reprises... Mais du haut de son trône, Andrew le voyait plus petit. En réalité, il était obligé de se voûter pour ne pas se cogner aux poutres. Il dépassait l'Elu de Cheera de presque deux têtes, à plancher égal. Il portait un simple fûte de cuir, qui lui collait à la peau et moulait ses cuisses puissantes et ses mollets. Torse nu, la peau recouverte de la transpiration du dur labeur, il portait deux grands seaux en fer à bout de bras. On n'avait pas intérêt à l'asticoter... Parce que d'un simple coup de poing, il pouvait fracasser un crâne, même la tête dure d'Ayreb. Andrew eut un sourire quand il pensa à ça. Il s'éclaircit doucement la gorge. Le forgeron posa ses yeux bleus sur lui et remarqua enfin sa présence. Son visage radieux se fendit d'un sourire. Il salua son chef de sa voix grave, digne d'un baryton :

BRÄM - « Andrew ! Ta présence ici m'honore ! Je suis ravi de voir qu'Althar a rempli sa mission avec brio ! Tu es venu seul ? »

ANDREW - « C'est moi qui suis honoré d'être ici. Je sais combien ce lieu t'est sacré. J'ai emmené des hommes avec moi. Nous allons partir dans les Landes Trayaregs et je souhaitais qu'ils soient le mieux armé possible. »

Le visage de Bräm brilla alors d'un vif intérêt.

BRÄM - « Les Landes Trayaregs ! C'est un endroit inexploré de nous autres. Dangereux à ce que l'on en dit. Tu y vas pour faire la guerre ? »

ANDREW - « Non. Pour établir une paix durable avec les Trayaregs. Le sang a assez coulé. »

Le forgeron essuya son visage humide d'un revers de main. Ses cheveux longs lui tombaient sur les épaules, aussi blonds que les blés, comme ceux de sa mère.

BRÄM - « Tu as bien fait de venir alors. Je pense avoir ce qu'il te faut. »

***

Quelques mètres à peine au dessus d'Andrew et Bräm, Ayreb et ses hankiens ne quittaient pas des yeux le nouveau venu. Un odernien faisait clairement tâche dans leur groupe. Le Chef d'Hanka toisait ce minus de la tête aux pieds, en se demandant en quoi il serait utile ou héroïque. Il n'avait même pas envie de connaître la réponse. Tout le monde savait plus ou moins ce qu'il allait se passer. Les lydéens firent le choix de rester indifférents mais de regarder le spectacle se mettre en place. Le pas lourd sous son armure épaisse, Ayreb s'approcha de Lori, ouvertement moqueur.

AYREB - « Alors, la fillette... Maman t'a finalement autorisé à te laisser sortir ? Elle aurait peut-être pas du, finalement. Ouais ! Elle aurait du te garder dans ses jupons pour éviter que tu ne te fasses massacrer ! »

Les hankiens éclatèrent d'un rire railleur et impitoyable. Porté par la ferveur de ses hommes, Ayreb jugea opportun de se mousser davantage.

AYREB - « Essaie de ne pas te chier dessus, la mauviette... Parce que quand les Trayaregs vont venir pour t'éventrer centimètres par centimètres et te vider de tes tripes, tu seras toujours vivant, tu pleureras comme le font ceux de ton espèce pour qu'ils t'achèvent... tu les supplieras. Et nous on te regardera crever lentement. Parce qu'on ne sauve pas les vauriens cul-terreux d'Oderne qui se prennent pour de grands guerriers. Tu ferais mieux de rentrer chez môman avant de le regretter... »

Il y eut de grands éclats de rire une nouvelle fois et Alcin se leva, agacé.

ALCIN - « Ca suffit ! Laissez-le tranquille ! »

AYREB - « Ouh !!! Sinon quoi le prêtre ? Tu vas nous jeter un baume à la figure ? C'est quoi cette petite merde qui se fait défendre par d'autres ? Où sont passées tes couilles l'Odernien ? Môman te les a coupées à la naissance ? »

Une lueur malveillante passa dans le regard des hankiens. Ayreb cherchait délibérément le conflit. Il ne faisait aucun doute, vu les gabarits, que Lori allait se faire écraser. Le chef d'Hanka saisit une des épées forgées et la jeta à l'odernien, en sortant la sienne qu'il avait affutée quelques instants plus tôt.

AYREB - « Et si tu me montrais ce que tu sais faire avec une épée, petite fille ? »

***

BRÄM - « Chut ! Tu entends ce sifflement ? »

A la grande surprise d'Andrew, le visage de Bräm s'assombrit. Il leva les yeux vers le plafond. Kant resta perplexe. Il n'entendait rien... il se demanda si son interlocuteur n'avait pas un peu abusé sur la liqueur mais le forgeron blêmit.

BRÄM - « Combien d'hommes as-tu avec toi ? »

ANDREW - « Je... je ne sais pas... peut-être une dizaine... Pourquoi ? Quel rapport... »

BRÄM - « Le rapport c'est que dix guerriers dans une forge remplie d'armes, c'est le meilleur moyen de déclencher une bagarre et... une catastrophe ! Tu dois sortir ! Maintenant ! »

Bräm saisit Andrew par les épaules et le précipita dans le petit escalier de bois. Les deux hommes déboulèrent dans la Forge. Ils trouvèrent Ayreb en train de jeter une épée. Lori la saisit au vol, innocemment.

BRÄM - « NON !!! Sortez !!! SORTEZ TOUS ! »

Il y eut un crépitement. Une gerbe d'étincelles jaillit du pommeau de l'épée, brulant la main de Lori au passage. Un sifflement strident se fit alors entendre, il provenait de l'arme, qui semblait possédée. Elle tournoyait dans tous les sens. Les guerriers hankiens reculèrent mais Lori, lui, était pris au piège dans l'arrière de la Forge. Exaspéré, Bräm soupira :

BRÄM - « Crétins d'hankiens ! Gr'ul har norim ! »

Tout se passa très vite. Le corps de Bräm fut enveloppé d'une armure lourde en l'espace de cinq secondes. Le forgeron s'élança vers l'épée. De sa main, en sortit un lourd marteau. Il le fracassa sur l'arme dans un bruit à la limite du supportable tant il était aigu. La lame devint rouge comme la lave d'un volcan.  L'épée se mit alors à flotter dans les airs. Elle se mit à face à Lori et fonça sur lui. Bräm eut tout juste le temps de s'interposer pour la repousser avec son marteau. Elle feinta sur le côté, il para le coup à nouveau. De sa main libre, il fit des signes rapides, difficilement compréhensibles. L'épée sembla s'agiter encore plus. Elle passa derrière Lori et avança vers lui. Bräm plaqua alors l'odernien au sol. Il y eut un gros choc quand il l'écrasa de tout son poids pour lui sauver la vie. Le gardant sous lui pour le protéger, il le maintenait au sol à l'aide de son bras puissant. Il posa le marteau par terre et ferma les yeux.

BRÄM - « Norim var Tha'el ! FORN ! »

Son éclat de voix projeta la lame vers Ayreb. Elle se planta entre ses jambes, dans le bois, à quelques millimètres de ses attributs. Le sifflement strident cessa. Bräm éteignit la flamme qui brulait au bout de ses doigts. Il se leva et d'un geste du bras, il souleva Lori du sol pour le relever. D'une voix très douce, presque familière, il lui dit.

BRÄM - « Je suis désolé... rien de cassé ? »

AYREB - « Espèce de râclure ! Tu essaies de me tuer ? »

Bräm se tourna vers le Chef d'Hanka et son regard se fit plus dur. Plutôt que de crier, il préféra se démarquer par un mot d'esprit, bourré d'humour et d'ironie.

BRÄM - « Je suis navré de t'apprendre que ton coeur se trouve dans ta poitrine et non entre tes jambes, hankien. »

Alcin pouffa de rire, alors que les lydéens et Andrew semblaient assez satisfaits de cette réplique. Ayreb allait lancer un tas d'insultes, lors que Bräm reprit la parole, plus sérieux cette fois :

BRÄM - « Ne touchez pas aux armes ou aux armures qui se trouvent ici. Elles n'acceptent qu'un seul maître. Celui qui s'en saisit sans avoir été choisi devient sa cible. Je les ai enchantées pour qu'elles ne puissent jamais se retourner contre leur propriétaire. C'est ce qui explique pourquoi elle ne t'a pas touché, hankien. Elle t'avait choisi. »

ANDREW - « C'est fabuleux ! »

Le forgeron, visiblement gêné par l'adjectif, passa une main sur son cou et répondit, humblement :

BRÄM - « Juste un tour de passe-passe... Pas de quoi casser trois pattes à un t-Rex. »

Il désigna les armes et expliqua, méthodique :

BRÄM - « Passez votre main au dessus du pommeau. Si vous ressentez une vibration, cela veut dire que l'arme n'est pas faite pour vous. Si elle reste immobile, c'est qu'elle est vôtre. Et seulement à ce moment là, vous pouvez la prendre sans danger. »

Alors que les guerriers s'approchaient, Bräm se tourna vers Lori. Il posa sa main lourde sur son épaule, alors que son armure disparut et qu'il se retrouva à nouveau torse nu, la peau brillante de transpiration.

BRÄM - « Il vaut mieux soigner cette brûlure... j'ai de quoi faire là-bas. Suis-moi. »

Il le conduisit à l'étage, dans une sorte de mezzanine où se trouvaient tout un tas de manuscrits. Il l'invita à s'asseoir sur un tronc d'arbre coupé et fouilla quelques instants dans ses affaires. Il revint alors vers lui et s'agenouilla. Il lui prit sa main entre les siennes plaquant une pierre étrange sur sa peau.

BRÄM - « Ne crains rien... ça ne va pas te brûler à nouveau. »

A peine eut-il dit ça qu'une flamme bleue entoura leurs mains. Elle s'éteignit en quelques secondes. Bräm lâcha la main de Lori qui ne lui faisait plus mal. La brûlure magique avait disparu. Le forgeron posa la pierre sur la petite table de bois.

BRÄM - « Excuse-moi pour tout à l'heure... pour ce plaquage. Je peux soigner les brûlures magiques mais pas les courbatures... Je ne suis pas un bon masseur, malheureusement. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Ses yeux azurs croisèrent ceux de Lori. Une sensation étrange l'envahit. Il avait l'impression de déjà le connaître... sans pourtant l'avoir jamais vu... enfin, c'était ce qu'il pensait.
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeDim 29 Déc - 22:07

Tandis que les hommes s'amassaient autour de la table et passaient leurs mains au-dessus des armes dans l'espoir d'en obtenir une, Gürkan s'approcha d'Andrew et le prit à part, un peu plus loin dans la forge. Si le guerrier Lydéen avait trouvé très divertissant cette petite bousculade entre Ayreb et Lori, et s'il avait apprécié à sa juste valeur la démonstration de magie du très célèbre Bräm de Powona, il devait tout de même reconnaître que le manque de mordant de l'odernien le laissait un peu perplexe.

GÜRKAN - « Je ne crois pas que ce soit une très bonne idée d'emmener le favori de la Matriarche avec nous. » dit-il d'un ton grave en fixant Andrew droit dans les yeux. « Il n'a pas l'air très débrouillard. Et c'est à peine s'il a réagi lorsque la lame ensorcelée a foncée sur lui. » Gürkan prit un air sérieux. « J'ai entendu pas mal de rumeur à son sujet. Nul ne comprend pourquoi il tient une place aussi importante dans le cœur et les affaires de Dame Myriam depuis son retour de la guerre... pas même les oderniens eux-mêmes. Et tu sais pourtant tout comme moi qu'un lien mystique les lies les uns aux autres. Ils n'ont généralement pas besoin de se parler pour se comprendre. »

HAMEL - « Ce n'est pas un vrai guerrier. Il n'a reçu aucune formation. » intervint un soldat lydéen en s'approchant d'eux, sa nouvelle épée à la main. Fier de son acquisition, il la montra à Gürkan qui l'apprécia d'un regard et d'une tape sur l'épaule. « Avant la guerre, il n'avait jamais tenu une dague. Ce n'était qu'un sourcier. »

GÜRKAN - « Comment sais-tu ça Hamel ? »

HAMEL - « J'ai entendu quelques oderniens en discuter hier soir dans la salle du banquet. Ils sont aussi perplexe que nous à son sujet. »

Gürkan se gratta la barbichette d'un air songeur. Il jeta un regard inquiet vers la mezzanine sur laquelle se trouvait Lori et Bräm, puis il regarda Andrew avec sérieux.

GÜRKAN - « Je n'ai aucune envie de l'emmener jusqu'aux portes de la cité des Trayaregs s'il n'est pas capable de se débrouiller seul. La dernière personne qui nous à suivit pour ce genre de mission périlleuse et qui n'était pas qualifiée pour le faire, c'était Koah. Et il en est mort. »

UNE VOIX - « Andrew ? »

Une voix familière venait de s'élever derrière le roi Kant. Lorsque celui-ci tourna les yeux dans sa direction, Andrew vit dans le rayon d'une éclaircie qui perçait le vitrail, Koah avancer entre les étales de l'atelier de Guerel. Le glaneur était juste vêtu d'une courte et magnifique étoffe de tissu bleu qui dissimulait à peine son intimité féminine qu'Andrew savait terriblement accueillante et étroite à la fois. Était-ce une vision ? Un songe ? Un sortilège néfaste ? Rien de tout cela en réalité. Andrew se souvenait-il de ce jour dépeint dans cette éclaircie, où ils avaient fait, en catimini, l'amour entre les étagères du potier ? Une union rapide mais intense. Juste une pulsion pour assouvir ce besoin viscérale d'appartenir l'un à l'autre... et d'être l'un dans l'autre.

L’éclaircie avait comme ouvert une brèche à travers la réalité, et rendait un peu plus chaleureux le monde des cheeranis lorsqu'on le regardait à travers cette lueur. Les rayons découpaient en deux la forge de Ténolas en la transformant en l'atelier du vieux potier. Koah était resplendissant comme à son habitude. Sa beauté, son corps mince et gracile, ainsi que sa jeunesse irradiaient d'une aura merveilleuse. Et son sourire à en réchauffer l'âme et le cœur était destiné à Andrew dont il était follement amoureux. A chacun de ses pas, son pagne indécemment trop court à en recouvrir à peine le galbe de ses fesses se balançait de gauche à droite. Et il remonta même un peu plus haut pour dévoiler un début de fessier fendu d'une cordelette adorable lorsque Koah se pencha en avant pour récupérer un pot situé tout en bas du meuble.

KOAH - « Je crois que c'est un pot comme celui-ci qu'Alec à cassé chez ma mère l'autre jour. » dit-il avant de jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule en direction d'Andrew. « Pourquoi me regarde-tu comme ça ? » Il ne pouvait s’empêcher de sourire de manière complice et un brin taquine, alors qu'il se redressait et s'appuyait contre l'une des étagères de façon innocemment aguicheuse. « Guerel risque de revenir à tout moment, alors range tes idées salaces dans un coin de ta tête chef Kant. Tu les ressortira ce soir, lorsque les enfants seront couchés. »

****************
Tout s'était passé et enchaîné tellement vite que Lori n'aurait su dire exactement quand tout ceci avait dérapé. Assit sur le tronc de bois, il tendait la main au grand forgeron en essayant de se remettre de ses émotions. Une épée magie avait essayer de le pourfendre avec insistance, tout comme le chef d'Hanka si on remontait plus loin les événements ! Et pour couronner le tout, il s'était fait collé et écrasé au sol par un géant blond. Lori se demandait vraiment pourquoi il était ici, et surtout pourquoi tout le monde semblait lui en vouloir autant. C'était vrai qu'il n'avait rien à faire là, au milieu de ces gros bras de soldats. Mais de là a vouloir l'évincer de la sorte, il y avait tout un monde ! Pourquoi Dame Myriam persistait-elle à lui imposer la gloire et des hauts-faits qu'il n'était même pas certain lui-même d'avoir accompli ?

Alors que son sauveur soignait la brûlure de sa main par magie, Lori posa les yeux sur lui et le détailla silencieusement avec attention. Bräm de Powona était à la hauteur de sa réputation. Lori n'avait jamais vu un homme aussi grand et aussi colossalement musclé que lui. Etait-il fils de géant ? Son corps musculeux semblait être forgé dans les matériaux les plus résistants de ce monde. Sa large carrure imposait le respect et ses bras aux biceps saillants donnaient l'impression de pouvoir soulever des montagnes. Le forgeron le plus connu de l'île, et surtout, le célibataire le plus convoité se tenait accroupis devant lui, un genou à terre, et dans une tenue qui ne laissait pratiquement pas place à l'imagination. Lori ne pu s'empêcher de rougir et de s'en vouloir intérieurement de laisser traîner un regard fuyant sur ce torse aux muscles qu'une transpiration luisante rendait brillants.

LORI - « Ce qu'il s'est passé ? » La question de Bräm l'arracha à sa contemplation. Lori plongea son regard maussade dans celui du forgeron un instant avant de se lever brutalement et de s'éloigner sur la mezzanine, les bras croisés autour de son ventre. « Ils voulaient que je me batte pour prouver ma valeur. Parce qu'ils ont conscience que ma place n'est pas parmi eux. » Une profonde mélancolie s'empara de lui. Lori était fatigué, et lassé de lutter contre cette vie qu'il ne désirait pas. « Les Dieux me punissent de n'éprouver qu'indifférence pour ma vie. Ils me punissent d'avoir baisser les bras. » Il haussa les épaules, amer. « Pour me châtier, ils ont fait aujourd'hui de mon existence l'un des sept enfers de Kobol. »

Comment expliquer à un inconnu le mal-être qui le rongeait depuis tant d'année ? S'il était parti à la guerre, ce n'était pas pour défendre ce monde, mais plutôt pour en finir avec cette pénible existence. Trop lâche pour se suicider, Lori avait préféré mourir sur un champ de bataille, là où la mort était certes brutale, mais où elle était aussi très rapide. Car depuis sa naissance, Lori n'était pas heureux. Il n'avait jamais réussi à trouver sa place dans la Fourmilière. Jamais réussi à ressentir ce lien mystique que tous bon odernien ressentait et qui le liait aux autres. Il avait l'impression d'être seul et délaissé de tous... même des dieux !

LORI - « Je passe de l’anonymat au devant de la scène et je déteste ça. » ajouta-t-il en regardant Andrew et les autres en bas dans la forge. « Tout ce que je demandais, c'était de mourir en paix durant cette guerre et enfin quitter ce monde. » Il regarda Bräm par-dessus son épaule et il se sentit soudainement ridicule. « Mais tu ne peux pas comprendre. Comment Bräm de Powona pourrait-il comprendre quelqu'un comme moi alors que l'île toute entière est à ses pieds et le glorifie d'éloges du matin au soir ? » Il se tourna vers lui en s'appuyant contre la balustrade de la mezzanine. « Qu'est-ce que ça fait d'avoir la certitude que l'on est merveilleux quoi que l'on fasse ? D'avoir été béni des dieux ? »
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeVen 3 Jan - 1:46

Andrew avait entendu les rumeurs concernant Lori comme quoi il n'était pas un grand guerrier. Mais il ignorait qu'en vérité, le jeune odernien était un sourcier. Ce rôle ne lui permettait pas de se battre convenablement au combat, en tout cas, pas sans l'entraînement d'une autre personne ou bien des connaissances innées pour la défense. Était-il possible qu'il se soit trompé à son sujet ? Il avait pourtant l'air bien bâti, un peu fluet mais pour un odernien, habitué au maniement des dagues et des petites lames. C'était une qualité, chose que ne comprenaient pas les hankiens. Pourquoi tout le monde le méprisait à ce point ? La question trotta dans la tête du Chef Kant. Était-ce parce qu'il avait les faveurs de Myriam ? De la jalousie ? Fort probable, car lui-même avait été la cible de certains envieux dans son propre camp, le fait qu'Ayreb le jalouse restait un secret de polichinelle. Mais il ne pouvait y avoir que ça dans l'histoire. Il écouta Hamel et Gürkan très attentivement...

ANDREW - « Comme beaucoup d'autres personnes qui n'avaient pas été formées au combat, il a visiblement appris à tenir une dague à la guerre, ce n'est guerre plus compliqué qu'un bâton de sourcier, ça ne doit pas nécessiter énormément d'entraînement comme nos lames. Et puis, il a survécu à la bataille, c'est donc qu'il sait se battre. Si on devait croire toutes les rumeurs, nous ne serions pas sortis de l'auberge ! »

GÜRKAN - « Je n'ai aucune envie de l'emmener jusqu'aux portes de la cité des Trayaregs s'il n'est pas capable de se débrouiller seul. La dernière personne qui nous a suivi pour ce genre de mission périlleuse et qui n'était pas qualifiée pour le faire, c'était Koah. Et il en est mort. »

Visiblement irrité que l'on parle de Koah de façon aussi brutale, Kant serra la mâchoire. Koah était mort, oui. Il n'oubliait pas qui l'avait tué dans le Mont Kobol... Gürkan. Le guerrier était sous l'emprise des Furies, il ne l'avait pas fait exprès, tout comme Andrew avait également blessé le cœur de la Vague en succombant aux illusions de Crya. Tout ça éveillait des souvenirs douloureux que Kant refusait de voir. Et puis pourquoi ils protestaient ? C'était lui le chef, pas eux. Il décidait, point barre ! Il répliqua sèchement, sur un ton colérique, avec un ton qui avait le don de mettre son entourage mal à l'aise.

ANDREW - « Il sait se battre, il vient avec nous, point final. Et si à la bataille il a besoin d'aide, alors on l'aidera, c'est un des nôtres ! C'est compris ? Gürkan, maintenant tu vas prendre ton épée et vous allez tous vous entraîner avec dehors. Vous avez fait assez de conneries comme ça ! »

C'était injuste parce que les lydéens n'avaient pas participé aux actions des hankiens, mais il n'en avait que faire. Il allait volontiers rajouter une multitude de réprimandes lorsque l'écho d'une voix qu'il ne connaissait que trop bien s'éleva derrière lui. Andrew se tourna et ouvrit de grands yeux en voyant Koah, là, devant lui... comment était-ce possible ? Il allait se tourner vers Gürkan mais celui-ci partit se chercher son arme. Il n'avait pas vu le glaneur ! Andrew se tourna à nouveau vers lui et il se frotta les yeux. La Vague était toujours là, devant lui. Il sentit ses joues s'enflammer lorsqu'il regarda son corps de haut en bas. Ces formes... il se rappelait...

****************

Une fois la main de Lori guérie, Bräm resta silencieux et écouta les réponses de l'odernien. Il plissa ses yeux bleus en l'entendant parler de lui si durement. Pourquoi n'accordait-il pas d'importance à son existence ? Le forgeron fut intrigué et en même temps confus. Il ne sut quoi lui répondre à l'instant même. C'est qu'il n'avait pas l'habitude de jouer les psychologues avec des inconnus. Cet homme, il ne le connaissait pas et pourtant il avait une drôle de sensation, agréable qui se produisait en lui quand il le regardait. Ses yeux semblables au ciel, sa prestance, sa façon de marcher, légère, douce, sa voix... il avait quelque chose de spécial. Pourquoi baisser les bras quand on avait du charme et visiblement de l'intelligence ? Ce n'était pas facile de résister aux provocations des hankiens, encore moins de ne pas prendre les armes pour assurer sa défense lorsque l'un d'eux vous insultait ou vous menaçait. En plus, ils avaient la réputation d'attaquer même les gens désarmés. Reculer face à eux n'était certainement pas une bonne idée, au contraire. Le grand forgeron ne comprenait pas pourquoi Lori voulait tellement mourir. Il le connaissait depuis quelques minutes et pourtant il le trouvait sympathique, digne d'intérêt, courageux. N'importe qui serait parti plutôt que d'affronter ces regards hostiles ou méfiants. Quand il se tourna pour le dévisager et ironiser sur ce qu'il venait d'avouer, Bräm lui fit un petit sourire amical. Sa célébrité... son don... la gloire qu'on lui vouait... ça le gênait. Aussi impensable cela pouvait-il paraître, cette montagne de muscles rougit légèrement.

BRÄM - « Je me dis que tu as bien de la chance de ne pas être l'objet de toutes les attentions... Je suis forgeron, je sais comment donner une vie à tous ces minerais, leur donner une âme à l'aide de la magie. J'ai beaucoup appris, mais j'ai simplement travaillé très dur pour en arriver là. Je n'ai rien d'un homme hors du commun. N'importe qui pourrait faire ce que je fais, voire mieux, s'il s'en donnait la peine. Je ne fais pas tout ça pour la célébrité... Bien au contraire. Je reste des heures durant dans ma forge à travailler pour fuir la foule et les curieux. Je n'ai pas demandé la notoriété, tu sais... Elle m'est tombé dessus comme un marteau sur une enclume.»

Il se mit à mettre un peu d'ordre dans les parchemins. A le regarder, il était remarquable. Ses muscles taillés comme sur une belle sculpture, son grain de peau parfait, encadré par des blonds comme les blés. Il ressemblait au fils d'un Dieu, de Pëlos peut-être ou de Davik. D'un coup de poing il aurait pu assommer Roy ou l'un des femelles t-Rex de son harem. Il tenait son physique de son père, et c'était bien souvent ce qu'on admirait chez lui. Les femmes venaient s'extasier devant sa musculature. Il avait déjà eu la déconvenue d'en trouver une au même endroit que Lori, contre la rambarde, nue, dans une position aguicheuse. Il ne l'avait pas touchée, l'aidant même à se rhabiller. Elle était belle mais elle n'avait pas attisé son envie. Il préférait les dîners autour d'un feu de camp, sous les étoiles, à un coït rapide dans sa forge avec une parfaite inconnue... On lui laissait souvent des mots... des petites lettres dans lesquelles on témoignait d'admiration. Certaines plumes plus osées n'hésitaient pas à décrire une étreinte endiablée, ce qui avait un effet repoussoir.

BRÄM - « Je ne sais pourquoi tu avais décidé de partir à la guerre pour y mourir. Je ne sais pas non plus pourquoi ces hommes te mettent à l'écart. J'ai appris à mes dépends à ne plus chercher à comprendre la pensée d'un hankien... s'ils en ont au moins une... Mais si tu es toujours là, cela veut dire que ta mission ici n'est pas accomplie. Peut-être que tu ne la connais pas encore mais je suis persuadé que ça va venir. J'ai su très jeune que forger était ma destinée, ce n'est pas donné à tout le monde. Mais je ne suis pas plus merveilleux qu'un autre, pas plus utile que toi. Qui sait vraiment quel homme tu vas devenir ? Ce ne sont pas les Dieux qui feront ton avenir, mais toi. Façonne-le comme tu l'entends et ne laisse personne décider de cela à ta place, laisse seulement parler ton coeur. »

Il porta une main sur le sien et le regard taquin, sur un ton blagueur, comme il aimait si souvent l'employer, il se mit à plaisanter.

BRÄM - « On m'en a fait des compliments... mais jamais on n'avait dit de moi que ma forge était l'un des sept enfers de Kobol et moi l'un de ses démons. Ha ! Ha ! »

Son rire fut crû, sincère.

BRÄM - « Tu es particulier, c'est le sentiment que j'ai en te regardant. Tu ne ressembles pas à un guerrier, ni à un assassin. J'ai le sentiment que tu as une tâche plus noble, plus essentielle... Cela ne va pas forcément te plaire, mais j'ai l'intime conviction que tu as ta place dans ce groupe. Ils ont besoin d'une personne pure. Dis-moi, tu connais mon nom, et sans doute ma réputation, mon histoire... Moi, je ne sais rien de toi et j'aimerais vraiment en apprendre davantage. Comment te nommes-tu ? »

****************

Le décor changea peu à peu autour de lui. La forge s'était transformé littéralement pour devenir l'atelier de Guerel. Les bruits des soufflets et des soldats s'estompèrent, pour laisser la place à la voix mélodieuse de Koah. Autour d'eux, sur de multiples étagères de bois, trônaient d'innombrables poteries faites et peintes à la main. L'une d'entre elle était un vase décoré du visage de Cheera, une pure merveille, symbole de tout le raffinement de Lydée. Cette scène, il l'avait déjà vécu... Elle lui revint en mémoire comme un boomerang en pleine figure. Ici, sur ce petit établi en bois, il n'avait pas su résister à l'envie de faire l'amour avec la Vague. L'instant fut bref car inquiets de se faire surprendre, les amoureux n'avaient pas osé s'éterniser. Leur relation charnelle improvisée n'avait pas pu se terminer complètement car ils avaient entendu des bruits de pas s'approcher. Et quelques minutes plus tard, Guerel était venu chercher une marchandise pour un de ses clients... Le Roi Kant ne put s'empêcher de voir défiler les images de leur union torride... une union purement onirique. En effet, ils étaient dans le monde de Danaé, un endroit où l'âme de Koah fut protégée de l'extérieur et où ce dernier vivait la vie de ses rêves. Une vie où Andrew en était éperdument amoureux. A l'époque, ça n'était pas le cas... du moins il ne s'en était pas rendu compte. Obnubilé par Laureen, par le souvenir de sa femme, il était aveugle. Il ne voyait pas l'évidence, le fait qu'ils soient réellement des âmes soeurs.

Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Koah ne pouvait pas être devant lui, plus maintenant... Il était parti à travers la Faille, sans doute vers une mort certaine, ou une vie de servitude auprès de Thorin. Ce voyage était probablement sans retour. Kant resta là, à le regarder, comme paralysé. Il voulait lui dire tellement de choses... mais rien ne sortait. Partagé entre le doute et la stupeur, il se contenta de relever chaque détail. Il avait du mal à déglutir. Le glaneur bougeait avec grâce, l'attirant inexorablement à l'aide de ses formes et de sa tenue très légère. Andrew sentit une légère douleur lui saisir l'entrejambe. Son corps réagissait naturellement à tous ces signaux. Mais cette fois, il n'y était pas contraint, il avait un début d'érection parce qu'il désirait la Vague, parce qu'il était sensible à son charme. Il regretta d'avoir mis son armure, car il s'y sentait soudain très à l'étroit. Koah lui parla, comme si sa présence ici était normale... Son esprit devait lui jouer des tours, forcément ! Il s'approcha, leva la main et posa doucement ses doigts sur sa poitrine. Il pouvait sentir son coeur battre. Il planta ses yeux dans les siens, peinant à croire qu'il ne rêvait pas.

ANDREW - « Je ne comprends pas... Tu es réel ? Comment est-ce possible ? Je t'ai vu partir à travers la Faille... Comment... »

Il regarda autour d'eux, assailli à l'intérieur par une multitude de questions. Il n'avait pas ôté sa main de son torse. Il se souvint de Crya, du stratagème qu'elle avait utilisé pour l'amadouer, pour qu'il lui fasse un gosse à son insu... Mais les Dieux avaient tous disparu, hormis Kirion et Musterion. Cependant aucun des deux n'avait le pouvoir de recréer le monde Danaé. Sa main glissa doucement sur son ventre, alors qu'il vérifia autour de lui si quelqu'un se trouvait là. Gürkan et les autres avaient tous disparu. Il ne restait plus qu'eux. Andrew regarda Koah intensément puis il s'approcha doucement. D'un mouvement passionné presque libérateur, il colla ses lèvres contre les siennes pour l'embrasser. Il se détacha, plaqua son front contre le sien et murmura :

ANDREW - « Je te demande pardon... pour tout... mais j'ai besoin de savoir si tu me pardonnes... je ne peux plus rester dans le doute... je n'arrive plus à supporter ce silence... »
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeLun 7 Avr - 14:15

Appuyé contre l'étagère, Koah répondit avec une infinie tendresse aux baisers de son époux. Il ne comprenait pas pourquoi Andrew était si désemparé. Qu'avait-il donc fait qui mérite son pardon ? Leur vie était idyllique. Magnifique. Magique ! Ils étaient envier de tous et bénit des dieux ! Dans ces conditions, que devait-il donc lui pardonner ?

« Que racontes-tu ? » murmura-t-il tendrement en venant caresser avec amour sa joue barbue. « Il m'est impossible de rester indéfiniment fâché contre toi. Je t'aime trop. Ne le ressens-tu pas ? »

Quelques secondes, Koah chercha à capter le regard de son époux dans l'espoir de l'apaiser. Alors qu'il venait l'embrasser, il se saisit du poignet du chef Kant pour guider sa main jusqu'à l'intérieur de son pagne. Koah sentit les doigts d'Andrew glisser contre sa petite toison et rejoindre l'entrée humide de son sexe fendu. Peut-être que lui montrer combien il l'aimait et combien il le désirait encore malgré toutes ses années d'union apaiserait ses angoisses ?

« Oh Andrew... Tu sens combien je t'aime ? Tu es le seul homme de ma vie. Le seul capable de me mettre dans un tel état. »

Dans cette éclaircie, reflet du monde de Danaé, il était effectivement le seul homme a avoir posé les mains sur lui. Marié à douze ans. Premier enfant à quinze ans. Koah n'avait connu que lui.

********
Les joues rouges, Lori baissa la tête. Il était intimidé par tout ce que venait de lui confier Bräm. C'était la première fois de sa vie que quelqu'un s’intéressait à lui de la sorte, et surtout, que quelqu'un le valorisait autant. Ça faisait chaud au cœur. Bräm semblait persuadé qu'il avait son rôle à jouer dans ce grand micmac qu'était la vie. Même si Lori ne partageait pas ses convictions, il hocha la tête en esquissant un petit sourire, touché par la gentillesse de Bräm à son égard. Ce fut exactement à cet instant qu'une étrange aura, sorte de lueur blanchâtre à peine perceptible, émana de son être. Ce fut bref, à peine visible à l’œil nu et facilement imputable à l'éclaircie qui perçait le vitrail de la forge.

« Tu me surestimes, Bräm de Powana. Mais c'est gentil. J'apprécie l'effort que tu fais pour me valoriser. »

Lentement, il traversa la mezzanine pour aller s'asseoir sur une grosse bûche en bois sur laquelle était déposée une vieille couverture. Que pouvait-il raconter sur sa vie au forgeron ? Lori n'était qu'un sourcier. Sa tâche consistait principalement à remonter l'eau des sources et à veiller à leur salubrité. Il n'avait pas l'étoffe des héros qui parcouraient le monde en compagnie de l'Elu de Cheera.

« Je m'appelle Lori. » dit-il pour commencer car au moins ça répondrait à l'une des questions du grand blond. « Et au risque de te décevoir, il n'y a pas grand chose à dire sur moi. Je suis un sourcier d'Orderne. Je cherche l'eau dans les cavités et je la remonte. Je passe mon temps à faire des aller-retour entre les profondeurs de ce monde et la surface. »

Lori aurait pu expliquer que traditionnellement, cette tâche ingrate était confiée aux nés-orphelins à Oderne, mais il ne le fit pas. D'abord parce qu'il n'avait pas envie que Bräm le prenne encore plus en pitié, et ensuite parce qu'il ne servirait à rien au grand blond de le savoir.

De ses yeux bleus, le jeune homme observa en silence le géant. Il se demandait comment un homme aussi charismatique, aussi beau et aussi adulé à travers les contrées de ce monde pouvait être aussi charmant et avenant. Ça le dépassait. La gloire et la réussite montaient pourtant souvent à la tête. Bräm semblait posséder toutes les qualités du monde. Il était réellement à la hauteur de sa réputation de meilleur parti du monde des Cheeranis. Est-ce que le courage faisait partie de ses cadeaux divins ?

« Après tout ce qu'on raconte à leur sujet, tu n'as pas peur de rencontrer les Trayaregs ? »
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MessageSujet: Re: 01 - Ténolas, la Prestigieuse   01 - Ténolas, la Prestigieuse Icon_minitimeSam 12 Avr - 14:34

Avide de réponses, Bräm écouta Lori parler de lui. Il fut frappé intérieurement de voir que le jeune homme ne se considérait pas comme indispensable. Pire, il parlait de lui de façon laconique, sans être tendre. Se considérait-il comme inutile ? Au fond de lui le forgeron fut blessé par cette idée. Il n'aurait pas du l'être. Il n'existait aucune raison valable pour qu'il ait mal au coeur. L'odernien restait un parfait inconnu, pourtant, il ressentait un sentiment très étrange, du déjà-vu... Il n'arrivait pas à se détacher de lui. Et cette lumière qui éclairait son corps avec volupté ne faisait rien pour arranger l'affaire. Toute son attention était placée sur sa voix, sur son souffle, ses gestes. Rien ne lui échappait. Il eut le vague sentiment qu'en réalité, il se connaissaient depuis toujours. Et la sensation fut d'autant plus agréable qu'elle arrivait à un moment complètement inattendu. Bâti comme un Dieu, avec sa carrure imposante, le fait que Bräm soit encore et toujours célibataire restait un drame absolu et un véritable gâchis pour ce monde. Davantage concentré sur ses créations et son don, il ignorait aimablement les tentatives de certains et de certaines à son endroit. Conquérir son coeur n'était pas une chose facile. A l'inverse des autres hommes de sa trempe, il ne cherchait pas à profiter de son charme pour des coups d'une soirée. Il semblait même fuir ça avec une certaine prudence. A cet instant précis, Lori avait semé le trouble dans son esprit. Il ne s'agissait pas de folie mais de passion. Ce beau timide attisait sa sympathie et son affection, bien plus qu'il ne l'aurait du.

- C'est passionnant au contraire ! Et c'est surtout vital pour la communauté d'Oderne. Tu ne t'en rends peut-être pas compte mais tu abreuves les tiens, en leur trouvant de l'eau. Sans elle, ils ne pourraient pas rester sous les collines. Et tu accompagnes ce groupe désormais... Ils ont conscience de la chance qu'ils ont ? Avoir un homme qui sait où trouver de l'eau lors d'un tel voyage c'est un grand atout !

Bräm passa sa main dans sa barbe, ce qui banda son biceps et lui donna un air encore plus viril. Il se laissa doucement bercer par le silence et resta songeur. Il avait d'autres questions à lui poser, elles le prenaient au corps et il avait envie d'obtenir des réponses. Mais il s'abstint de le faire. Il ne voulait pas paraître brute épaisse et impoli. Sa mère l'avait bien éduqué, il avait acquis de bonnes manières, en un sens les manières d'un noble bien que ses mains, légèrement calleuses témoignent de son travail acharné, davantage que des activités raffinées. Lori le tira de sa rêverie en lui parlant de son sentiment envers les Trayaregs. Il croisa son regard et sentit son coeur s'accélérer dans sa poitrine. Il avait des yeux magnifiques...

- S'il y a bien une chose que je sais, c'est que les gens racontent souvent n'importe quoi. Je n'ai jamais rencontré les Trayaregs. Je n'ai entendu que des histoires, celle que l'on raconte aux enfants pour les impressionner. C'est peut-être à cause de ça que j'appréhende. Je ne suis pas le seul, les hankiens ne le montrent pas, mais ils sont terrifiés. Sinon, pourquoi s'en prendre à un sourcier ? Ce n'est pas une question d'honneur. Les hankiens ne savent pas ce qu'est l'honneur. En réalité, c'est davantage parce qu'ils sont effrayés. Ils s'en prennent à toi pour masquer leur peur, se donner un air supérieur. C'est classique... Espérons qu'ils ne nous fassent pas tuer. Leur présence sera plus un handicap si tu veux mon avis.

Il continua à le regarder de ses yeux azurs, avec intensité. Machinalement, il attrapa une lame sur laquelle il passa doucement son doigt pour en vérifier l'état, par pur réflexe. Il ajouta, avec douceur :

- La peur, ce n'est pas un problème. Si tu sais la maîtriser, c'est même la meilleure arme. C'est un peu comme cette épée... émoussée, elle est inutile, affûtée, elle est impitoyable. Les Trayaregs se posent peut-être autant de questions sur nous. Qui sait s'ils n'ont pas non plus des craintes. On verra bien. En tout cas, Andrew a raison d'aller à leur rencontre. C'est ridicule de nous laisser paralyser par la peur, tu ne trouves pas ? Qu'est-ce qui pourrait être plus terrible que l'armée de Thorin ? Même les Idrazits sont de gentils agneaux en comparaison.

Alors que Bräm posait la lame, sa question prit un autre sens. Il ne l'avait pas quitté des yeux, et il s'était même rapproché de lui, comme aimanté par son aura. Lori allait-il se mettre à réfléchir au double sens ou pas ? Quelques mots s'échappèrent de sa bouche mais il n'en rougit pas :

- Je n'avais jamais rencontré de sourcier auparavant. J'imagine que si vous êtes tous aussi beaux, c'est pour éviter de provoquer des tumultes autour de vous, n'est-ce pas ? Tu as peut-être de la famille à Oderne, un être cher, qu'il ne sera pas évident de laisser pour un voyage aussi dangereux...


Le forgeron s'interrogea un moment pour savoir quelle mouche l'avait piqué. Il lui posait des questions personnelles auxquelles le jeune homme n'était pas obligé de répondre d'ailleurs. Bräm ressentait quelque chose de particulier à son égard. C'était nouveau, c'était puissant... ça allait l'obséder toute l'éternité s'il tentait de l'ignorer. Il avait beau être humble, plutôt réservé, ce colosse aux muscles saillants s'exprimait avec franchise, bousculant un peu les traditions de son village. Évidemment, la réponse de Lori allait capter toute son attention comme les précédentes.

*****

Andrew fronça les sourcils. Il était impossible que Koah ait oublié toute la haine qu'il lui avait jeté au visage. A moins que cette vision ne soit pas réelle. Ce qui était de plus en plus probable. Mais alors que se passait-il ? Il chercha dans son esprit, dans le but de trouver une explication. Etait-ce un piège ? Une nouvelle hallucination pour qu'il s'écarte de son chemin pour qu'il déclenche une nouvelle catastrophe ? Pourtant, Danaé et Avian avait été fermes. Son âme était protégée désormais contre les intrusions. Et cette fois, quelque chose était nouveau. Il se rendait compte qu'il pouvait y réfléchir, qu'il pouvait agir, bouger, sans y être contraint. Il conservait son libre-arbitre, il n'était pas prisonnier d'une malédiction ou d'une manipulation. Lentement, Koah guida ses doigts vers son pagne, lui permettant ainsi de caresser doucement de ses doigts habiles et habitués à l'arc, son sexe humide. Cela ne l'aida absolument pas à se concentrer. Andrew ne bougea pas, laissant sa main dans le pagne, restant très près du corps de Koah. Il pouvait sentir son odeur, légèrement sucrée, comme si sa peau, au bel éclat, avait pris le goût et le parfum délicieux des fruits qu'il partait glaner. Leurs souffles chauds venaient lécher leurs peaux. Une douleur lui parcourut l'entrejambe alors que celui-ci était prisonnier de son armure. Il ne savait pas comment tout ça pouvait arriver, mais il rangea ses questions dans un placard, se laissant porter par le moment.

- Je... je t'ai dit des choses... horribles... Je m'en veux... terriblement... je me souviens de chaque mot... de ces coups de poignards que je me suis asséné dans le coeur... Mais je ne veux pas te perdre... Je t'aime...

Il pressa à nouveau ses lèvres contre les siennes avec plus de passion que précédemment. Leurs deux langues se rencontrèrent quelques secondes. Andrew lui mordilla doucement la lèvre inférieure. Pendant une bonne minute, les choses restèrent ainsi en suspens. Ils se regardèrent, incapables de décrocher du regard de l'autre. Leurs esprits se sondèrent, comme électrisés par la puissance du lien qui les unissait. Brusquement, Andrew utilisa son bras libre pour attraper Koah par la cuisse et le soulever du sol. Ses muscles se tendirent durcissant son corps. Il le posa sur l'établi de Guerel et l'embrassa à nouveau, fougueusement. Son index glissa sur la fente, sans s'y enfoncer, s'enduisant doucement d'un liquide tiède. Les poteries vacillèrent devant les turbulences de leur acte. Andrew se jeta sur son cou pour l'embrasser, pour caresser sa peau de sa barbe naissante et dure. Il pinça le lobe de son oreille avec ses lèvres et lui dit :

- Un moment passé sans toi, c'est un ciel couvert de nuages, sans soleil... sans chaleur... Je ne peux pas vivre sans toi, mon âme se meurt...

Un bruit attira l'attention d'Andrew. Il plaça instinctivement son doigt sur la bouche de Koah. La voix de Guerel résonna à l'extérieur, il négociait avec un acheteur et plaisantait avec lui. Kant prit alors conscience de l'endroit où ils se trouvaient. Des souvenirs inconscients lui revinrent en mémoire. Ils avaient fait l'amour ici... Ils y avaient même rangé des caisses. Légèrement confus, l'esprit d'Andrew se laissa absorber volontiers par cette scène, s'abandonnant alors à ses pulsions amoureuses. Après s'être assuré que personne ne venait dans leur direction, il se tourna vers Koah, esquissa un sourire de tombeur comme il en avait le secret et lui murmura :

- Tu sais que d'habitude, t'entendre me fait un effet énorme... mais là va falloir être discrets... je ne suis pas sûr qu'il apprécie ce qu'on va faire...

Le risque de se faire choper l'excita encore plus qu'il ne l'était déjà. Ce qui devenait assez insoutenable vu l'armure. Mais taquin et empli de désir, il mit cette souffrance de côté pour fait entrer délicatement son index lubrifié dans la fente de Koah. Alors que son pouce venait en caresser les rebords. Il avait toujours son autre index sur sa bouche, même s'il voulait, malgré lui que Koah exprime son plaisir... comme d'ordinaire.
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01 - Ténolas, la Prestigieuse
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